Résumé
Aline, jeune femme de 30 ans et son mari David ont vécu cinq fausses couches en trois ans. Un cheminement compliqué de joie et de deuil qui met à la fois à l’épreuve leur amour et leur résilience. Cependant, Aline et David ne souhaitent pas se laisser abattre et décident que ces cinq grossesses arrêtées ne seront pas la fin de leur couple ni de leur projet de devenir parent.
Pendant 3 ans, Victor, jeune réalisateur a accompagné en toute intimité leur désir d’enfant avec sa caméra. Un huis clos à trois, fulgurant. Lorsqu’Aline retombe enceinte contre toute attente, leur vie se transforme et rayonne de ce nouvel espoir. Mais l’espoir ne vient pas seul, parce qu’avec l’arrivée de cette nouvelle inattendue ressurgit l’angoisse profonde d’Aline, celle de perdre à nouveau cette grossesse.
Alors que les mois défilent, un nouvel horizon se dessine pour le couple tandis que la grossesse arrive à terme. Pour Aline et David, cette ultime grossesse leur permet de mettre des mots sur ce que l’une et l’autre ont traversé ces quatre dernières années. Un constat vertigineux emprunt d’espoir, de joie et de culpabilité.
Nos petites bulles, un film sensible et lumineux, un carnet d’amitié et d’intimité qui témoigne des difficultés souvent tues des jeunes femmes d’aujourd’hui à enfanter. Un film sans honte et sans tabou.
Le Film
Un été, j’accompagne mon amie Aline en balade en forêt, elle se confie alors longuement sur son état émotionnel.
Les yeux tendres et affectueux d’Aline, je les connais depuis que l’on a douze ans, mais, ces trois dernières années, une triste fatigue a creusé son regard.
Elle vient de vivre sa cinquième grossesse arrêtée en Mars dernier. Cette cinquième perte, c’est un sérieux coup dur, et je sens que la décision qui se profile est un grand tournant dans la vie d’Aline et de son amoureux David.
Aline commence à envisager une FIV (Fécondation In Vitro). C’est une démarche qu’elle se refusait jusque-là à entreprendre. Même si ses fausses couches précoces l’avaient fortement affaiblie, une grossesse naturelle restait toujours envisageable. Les médecins en convenaient, « Il n’y avait pas plus de soucis à se faire, c’était juste une question de temps.»
Je sens que l’expérience traumatisante de ces trois dernières années est encore fortement présente dans le corps et l’esprit d’Aline. Aline et David refusent de s’avouer vaincus. Leur détermination même si elle me touche, m’inquiète aussi pour la santé d’Aline.
C’est difficile pour les proches, les ami·e·s, les connaissances, d’aborder avec eux la question de la fausse couche. Il y a de la pudeur, et une réticence à parler de ce qui n’a pas “existé”. Un épais silence entoure progressivement le couple confronté à ces obstacles. Aline, depuis très peu de temps, a commencé à en parler sur les réseaux sociaux. Elle écrit des lettres ouvertes pour expliquer ce qu’elle ressent, et elle commence à recevoir des messages personnels de personnes qui ont traversé les mêmes galères et qui la remercient d’avoir ouvert le débat.
Lorsque je me retrouve à table avec eux ce soir-là, en les entendant parler, pour la première fois, je ressens le besoin de les accompagner dans cette aventure et à mon échelle, de créer un espace où le couple pourrait témoigner et nous inviter dans leur quotidien.
Ce qu’ielles vivent, beaucoup d’autres couples ont déjà dû le traverser. Cette année là, quatre de mes amies ont connu l’expérience de la grossesse arrêtée. Je n’avais aucune idée que cela puisse être aussi fréquent.